UN REFLUX SUR L'ESTRAN, le roman de Cabourg... et bien autre chose !

Né à Cabourg, membre depuis toujours du Cercle littéraire proustien de Cabourg-Balbec , je devais un jour ou l’autre mettre en écriture ma passion pour l’auteur de À la recherche du temps perdu !

Michel, auteur à succès de romances à deux sous, de retour à Cabourg après une longue absence, veut entrer en littérature —la vraie !— en y cherchant la présence de Marcel Proust dans la station qui l’a inspiré. Il se lance dans une quête effrénée qui fera basculer sa vie tout entière et le mettra sur la piste de son propre passé, au terme d’un ultime sacrifice amoureux.

Ce roman contemporain fertile en rebondissements s’adresse à tous.  Si sa trame proustienne en constitue la toile de fond impressionniste, les non-initiés y prendront autant de plaisir que les spécialistes. Une œuvre où j’ai mis l’essentiel de moi-même, qu’il faut absolument avoir lue pour me connaître !

Un reflux sur l’estran, par Thierry Georges Leprévost 

   (éditions Edilivre, version papier ou numérique)

Extrait :

"C’en était fini de son rêve. L’odeur de la friture avait remplacé celle du buis. Comme les pins centenaires, les volets branlants s’étaient évanouis avec les ardoises usées des toits pentus ; la tourelle s’était écroulée sous les coups des démolisseurs, réduite en poudre. L’Aquilon était belle en soi. Elle l’aurait été même si Cabourg n’avait pas existé. Sa présence se justifiait par elle-même, noble et solitaire sur la dune normande. Et elle était morte.

– La propriété appartenait aux Talleyrand-Périgord, une famille très ancienne qui porte de gueules aux trois lions d’or passants, couronnés d’azur, récita-t-il machinalement. Leur devise est Re que Diou ! Mais il y a eu un deuil, un accident d’avion, je crois. Plus personne pour s’en occuper. Et voilà !

Il lui semblait que les engins avaient anéanti les rêves de tous les enfants de Cabourg. Plus de jeux parmi les oyats, plus de glissades sur les pentes sablonneuses, plus d’attaques d’indiens, ni de siège du château. La déferlante de béton avait relégué ses souvenirs au rang de nostalgie d’un poète attardé, mais la Terre continuait à tourner.

– Excusez-moi, balbutia-t-il. C’est tout un pan de mon passé qui s’est effondré. Ils ont tué mon enfance.

– Je comprends. Je crois comprendre.

La merveille architecturale contemporaine donnait déjà des signes de faiblesse. Des murs se lézardaient, des balcons grossièrement enduits menaçaient ruine. À leurs fenêtres, au pied des barres, les habitants se sentaient chez eux comme à Paris. Ce n’était plus l’Aquilon, ce n’était plus Cabourg, ce n’était même pas la Normandie.

– Ce n’est plus Cabourg, dit-il.

– Je ne sais que vous dire, Michel, je vois bien que vous venez de perdre un être cher. C’est un deuil. Et après un deuil, tout change.

– Non, Marie, pas tout ! La station n’a pas tellement changé. Sa limite, c’était ici, c’était l’Aquilon. Et maintenant, ces blocs uniformes, ces commerces... Ils ont même ouvert une crêperie, il est vrai qu’avec le menhir, ça fait un ensemble exotique ! Non, ici, on quitte Cabourg. Proust aurait vomi tout cela.

Marie-Paule ne put réprimer son rire.

– Excusez-moi, dit-elle, je comprends tout à fait ce que vous ressentez, mais je ne crois pas que Proust soit le mètre-étalon de l’orthodoxie balnéaire.

Au-delà de Cabourg 2000, la digue s’en allait vers le Hôme de Varaville."

Quelques précisions

Que j'aie mis l'essentiel de moi-même dans ce roman n'en fait pas une oeuvre autobiographique. Je n'ai jamais combattu en Afrique, ne me suis pas battu en duel, n'écris pas dans une collection qui rappelle Harlequin, etc. Pour autant, je connais peu d'auteurs qui ne font pas appel à des souvenirs (personnels ou empruntés à autrui) quand ils rédigent un roman.

J'ai bâti le mien à partir de tels souvenirs : des rencontres, des narrations, des lieux, des situations, des personnages réels transformés par le jeu de l'écriture. L'imagination a fait le reste. Ce roman comporte une intrigue avec un déroulement et des rebondissements, des personnages hauts en couleurs, et même un roman dans le roman qui met en évidence la frustration du héros, le hiatus entre sa vie réelle et sa vie rêvée, son aspiration à la littérature. C'est ce dernier aspect qui le relie à Marcel Proust, auteur fétiche, idéalisé, voire adulé, qui guide chacune de ses décisions, souvent contre toute logique raisonnée.

La ville de Cabourg y occupe la place centrale, pas parce que j'y ai vu le jour, mais parce que s'y trouve le Grand Hôtel où Marcel Proust a séjourné sept étés consécutif ; là et pas ailleurs. Je ne pouvais situer l'intrigue qu'à Cabourg, qui constitue un personnage central du roman, peut-être plus important que le héros.

Un reflux sur l'estran est aussi le roman de Cabourg.

                   Ouvrages de Thierry Georges Leprévost

L’Epopée des ducs de pierre, l’art roman en Normandie ; essai ; Corlet 1988. ISBN : 2-85480-159-8

L’affaire Brière, la Résistance exécute un chef français de la Gestapo ; histoire ; Heimdal 1990. ISBN : 2-902-171-72-2

Promenades en Normandie avec des écrivains médiévaux ; essai ; Corlet 1996. ISBN : 2-85480-538-5

Hastings 1066 ; histoire ; Heimdal 2001. ISBN : 2-840-48-147-2

Son bonhomme de chemin, chroniques du bocage normand ; roman ; Cheminements 2005. ISBN : 2-84478-342-2

Guillaume le Conquérant, la saga du 7è duc ; biographie ; Heimdal 2011. ISBN : 978-2-84048-310-6

À chacun sa Normandie (en participation) ; nouvelle ; Corlet 2011. ISBN : 978-2-84706-384-4

Un reflux sur l’estran ; roman ; Edilivre 2015. ISBN : 978-2-332-85808-5